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On entend très souvent parler de nutriments, et notamment des vitamines. Parmi elles, certaines sont beaucoup plus connues que d’autres. La vitamine K2 figure parmi les nutriments essentiels les moins souvent mentionnés. Pourtant, elle tient elle aussi des rôles importants dans l’organisme. Alors, quels sont ces rôles exactement ? Dans quels aliments la trouve-t-on ? En quoi nous est-elle essentielle ? Les réponses.
La vitamine K est une vitamine liposoluble, ce qui signifie qu’elle est soluble dans le gras. On en distingue alors deux formes : la vitamine K1, ou phylloquinone, et la vitamine K2, que l'on nomme aussi ménaquinone. Il existe certes une troisième forme de vitamine K, la vitamine K3, mais celle-ci est synthétique. Elle est aujourd'hui limitée à un usage vétérinaire. La vitamine K2 est donc une proche parente de la vitamine K1, qui est d’ailleurs très souvent associée à son rôle de coagulation dans l’organisme. Ces deux vitamines sont de la même famille, même si la vitamine K2 est plus rare dans notre alimentation. Cette dernière intéresse aujourd’hui un grand nombre de chercheurs en raison de son rôle dans la santé osseuse. Cela ne fait pas très longtemps que la science se penche sur les effets de ce nutriment (quelques années seulement). Par ailleurs, la vitamine K se divise en plusieurs sous-types, dont les plus importants sont le MK-4 et le MK-7.
La vitamine K1 joue un rôle dans la coagulation sanguine. Il s’agit de la forme la plus connue de vitamine K, dont le nom vient de l’allemand « Koagulation ». La vitamine K2 agit sur la calcification des tissus mous, et dans le cadre de la santé osseuse. En Amérique du Nord et en Europe, les chercheurs se sont longtemps intéressés à la vitamine K1. Cela fait seulement une dizaine d’années qu’ils s’intéressent à la vitamine K2 et à ses rôles dans la prévention et le traitement des troubles cardiovasculaires et de l’ostéoporose (1).
Le calcium est un minéral indispensable à notre organisme. Bien plus qu’un matériau de construction pour nos dents et nos os, le calcium joue un rôle primordial dans plusieurs processus biologiques. L’une des principales fonctions de la vitamine K est d’activer les protéines afin de leur offrir la capacité de lier le calcium. Mais à ce stade, la vitamine K1 et la vitamine K2 n’interviennent pas de la même manière. Beaucoup de chercheurs estiment d’ailleurs que ces deux vitamines devraient être classées comme des éléments nutritifs distincts.
Dans l’organisme, le foie utilise la K1 dans le but d’activer les protéines à l’origine de la liaison du calcium. Il s’agit de celles qui interviennent dans le processus de coagulation du sang. La vitamine K2 sert quant à elle à activer les protéines qui régulent l’emplacement du calcium dans l’organisme. Ainsi, si la fonction principale de la vitamine K est d’activer les protéines de liaison du calcium, les rôles des vitamines K1 et K2 diffèrent totalement. La première intervient essentiellement dans le processus de coagulation du sang, tandis que l’autre régule l’utilisation du calcium dans l’organisme.
Contrairement à la vitamine K1 que l’on peut notamment trouver dans les légumes verts feuillus, la K2 est quasi absente de notre alimentation. Cette vitamine est le résultat de la fermentation, ce qui implique qu’elle est produite par des bactéries. Elle se trouve le plus souvent à l'intérieur de notre système digestif. On peut aussi la trouver dans les produits fermentés comme le fromage et le natto. Il s’agit d’un produit japonais élaboré avec du soja fermenté. Le natto est la meilleure source de vitamine K2 (il en contient cent fois plus que les fromages). On trouve aussi de la K2 dans l’huile de poisson, dans le miso, dans le foie et les yaourts.
Les besoins en vitamine K d’une personne adulte sont de 90 µg à 120 µg, sans distinction entre la K1 et la K2 (Dietary Reference Intakes for Vitamin A, Vitamin K, Arsenic, Boron, Chromium, Copper, Iodine, Iron, Manganese, Molybdenum, Nickel, Silicon, Vanadium, and Zinc, Institute of Medicine, 2002). Pour combler nos besoins journaliers en vitamine K, une portion de légumes verts feuillus suffit. On estime alors que notre apport moyen en vitamine K se compose de 10 à 25 % de vitamine K2. Il est possible d’avoir recours à des compléments alimentaires enrichis en vitamine K2 pour améliorer nos apports. Sachez qu’on la trouve aussi dans l’huile de poisson gras. Cette méthode de prise est beaucoup plus simple et régulière en complément de l'alimentation.
Si la science ne s’intéresse que depuis peu de temps à cette vitamine, elle a déjà fait l’objet de plusieurs études cliniques et épidémiologiques. Aujourd’hui, on connaît certains des rôles joués par cette vitamine dans l’organisme, et notamment sur la santé osseuse. Quels sont-ils ?
La majeure partie des études menées sur la vitamine K démontrent qu’un déficit ou une carence de cette vitamine s’associe le plus souvent à une augmentation du risque de fracture chez les femmes post-ménopausées et chez les personnes âgées de plus de soixante ans (2) (3). On associe également le manque de vitamine K2 à une réduction de la densité osseuse (4) (5). Cette réduction de la densité osseuse se manifeste généralement avec l'âge.
Par ailleurs, il s’avère également que les effets des suppléments de calcium et de vitamine D sont plus marqués s’ils sont associés à de la vitamine K. En effet, associés au sein de notre alimentation, ces deux nutriments (vitamine D et calcium) sont plus efficaces dans l’augmentation de la densité osseuse lorsqu’ils sont pris avec la vitamine K (6). De la même manière, ils le sont aussi dans le ralentissement de la diminution de la densité osseuse (7). Dans ce cadre, une étude a été menée sur la vitamine K1 : celle-ci ne semble pas empêcher le déclin de la densité osseuse. Cette propriété a donc été attribuée à la vitamine K2 (8).
La déficience en vitamine K a été associée à un risque important de calcification artérielle (9). La calcification artérielle est un phénomène clé dans l’apparition des maladies cardiovasculaires. Les études menées jusqu’ici ont démontré un lien entre le statut en vitamine K et le risque de calcifications. La vitamine K permet de réduire le risque de développer des calcifications, mais elle permet aussi de ralentir leur progression. Dans ce cadre, les chercheurs ont tenté de déterminer l’efficacité de la K1 et de la K2 sur ce problème de santé. Et il s’avère que la vitamine K2 est la plus efficace dans la prévention et le traitement de cette affection (10). Elle constitue donc un traitement naturel contre les calcifications.
On estime que la vitamine K serait en mesure de protéger l’organisme contre l’athérosclérose (Beyond deficiency: potential benefits of increased intakes of vitamin K for bone and vascular health. Vermeer C., Shearer MJ, et al. Eur J Nutr. 2004). Mais également contre les maladies cardiovasculaires (11). L’accumulation de calcium dans les artères situées autour du cœur constitue un important facteur de risque de maladies cardiaques (12). Tout ce qui est en mesure de réduire cette accumulation de calcium constitue une aide supplémentaire dans la prévention des maladies cardiaques. Et c’est là qu’intervient la vitamine K2 : elle empêche le calcium de se déposer et de s’accumuler dans les artères (13).
Les chercheurs estiment qu’il est fort possible que la vitamine K2 affecte notre santé dentaire de manière positive. Cependant, aucune étude réalisée sur des êtres humains n’a été menée pour le démontrer. Les chercheurs se basent donc sur les études réalisées sur les animaux et sur le rôle de cette vitamine dans le métabolisme osseux. La vitamine K2 active l’une des principales protéines régulatrices de la santé dentaire, que l’on connaît sous le nom de « ostéocalcine » (14). Ainsi, il reste encore à réaliser des études cliniques pour confirmer cette hypothèse, qui s’avère pour le moment tout à fait raisonnable.
Dans les pays occidentaux, le cancer est un fléau et une cause fréquente de décès. La médecine moderne s’emploie à traiter cette maladie, mais elle peine à l’endiguer. La vitamine K2 a fait l’objet de plusieurs études en raison de ses effets supposés sur le cancer. Deux essais cliniques suggèrent que cette vitamine permet de réduire la récurrence du cancer du foie et même d’augmenter le temps de vie des patients (15) (16). La vitamine pourrait aussi réduire le risque de cancer de la prostate. Elle devrait faire l’objet de nombreuses autres études pour démontrer son efficacité face à ces deux types de cancers, et bien d’autres encore.
Cette vitamine peut faire l’objet d’une supplémentation par le biais de compléments alimentaires. Dans ce cas, ces quelques informations au sujet de la consommation de vitamine K2 pourront vous être utiles.
Les suppléments de vitamine K sont généralement contre-indiqués aux personnes qui sont hypersensibles à cette vitamine. Il en est de même pour les personnes qui suivent un traitement anticoagulant. Dans ce second cas, il est préférable de consulter un médecin avant toute supplémentation. Quelles que soient la dose et la durée de la prise de complément, la vitamine K n’a jamais engendré d’effets secondaires ou indésirables particuliers. Il convient tout de même de respecter les doses recommandées, même si aucune toxicité n'est à signaler.
Le plus souvent, les personnes qui prennent de la warfarine se voient conseiller de ne pas modifier leur consommation de vitamine K (suppléments et aliments). Maintenir des apports équivalents permet d’améliorer la stabilité et l’efficacité de ce médicament aux propriétés anticoagulantes. Par ailleurs, l’alcoolisme et l’utilisation d’huile minérale peuvent entraver l’absorption de vitamine K. De plus, cette vitamine peut interagir avec des traitements aux antibiotiques et certains médicaments contre l’hypercholestérolémie, l’obésité et les convulsions. Avant de prendre de la vitamine K2, demandez conseil à votre médecin.
La carence en vitamine K2 est assez fréquente chez les nouveau-nés : elle peut être traitée par la supplémentation. En revanche, cette carence est bien plus rare chez l’adulte. Elle peut néanmoins apparaître en cas de grave maladie des intestins, des voies biliaires ou du foie. Dès lors, un traitement médicamenteux est nécessaire. Par ailleurs, une carence en vitamine K2 peut favoriser l’ostéoporose et même l’accélérer. Une carence en vitamine K se manifeste par des hémorragies, une mauvaise coagulation sanguine, des contusions faciles, des saignements intempestifs ainsi qu’une anémie. Sur le long terme, elle fragilise la santé osseuse et favorise les fractures.
Ce qu’il faut retenir
Cousine de la vitamine K1, la vitamine K2 est un nutriment dont notre corps a besoin pour maintenir la santé des os. Elle peut aussi favoriser la protection cardiovasculaire. Pour cela, il faut veiller à avoir des apports suffisants en vitamine K, et éventuellement compléter son alimentation avec de l’huile de poisson ou un autre produit riche en vitamine K2 !
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